HISTOIRE DE LA CALLIGRAPHIE
Styles d'écritures : Tensho Reisho Sosho Kaisho Gyosho Hiragana
LES PICTOGRAMMES
Les noms des différentes écritures sont données selon la prononciation japonaise. La prononciation chinoise est entre parenthèse et en italique.
Les
proto-pictogrammes :
A l’origine, la "mise en mémoire des faits" consistait à faire des nœuds sur des cordelettes.
Selon une légende, le héros, "Cang Jie" après avoir observé
les constellations du ciel et les traces des pattes d’animaux sur le sol
aurait inventé l’écriture.
Les premières traces qui existent sont des signes graphiques exécutés sur les
poteries en terre cuite de la culture Yangshao à l’époque néolithique.
La
création des idéogrammes ou kanji :
Les pictogrammes sont apparus vers - 1600 ans à l’époque des
dynasties des Shang (-1766 à – 1122 ) et des Yin, puis de celle des Zhou (-
1122 à – 221).
Les caractères étaient gravés à l’aide d’un stylet, sur les omoplates des
animaux (cerf) ou sur les plastrons des carapaces de tortues. Ils ont une forme très
anguleuse en raison du mode de gravure. Ils avaient une fonction divinatoire et
religieuse. Après avoir mis du noir de charbon sur les os et les carapaces, les devins
ou les chamanes les brûlaient et prédisaient le destin du royaume,
l’avenir du roi en brûlant en observant la forme prise par les os et les
caractères.
Cette écriture s‘appelle
kokotsubun (jia gu wen)
c’est à dire écriture sur
les carapaces et les os. Trouvés dans les champs à partir du 19ème siècle, 1700 signes ont été déchiffrés.
Au début, ces dessins primitifs décrivaient la nature, les animaux, les
éléments ou les objets proches de la vie des hommes. Tous ces signes
avaient un lien philosophique concernant les rapports entre l’être
humain, la nature et le cosmos, lien qui a prédominé durant toute l’histoire de la
Chine.
Vers – 1600, les chinois ont découvert la manière de fabriquer des objets
en bronze. En dehors des motifs décoratifs, les idéogrammes ont été gravés sur
le bronze à partir de - 900 pendant la dynastie
des Zhou (- 1122 à – 221). Le but de ces écrits était de raconter
les évènements du royaume, les prophéties et de promulguer les édits royaux.
Cette forme d’écriture
se nomme kinbun
(jin wen) ou écriture
sur le métal.
Du fait de la
moulure dans le bronze les idéogrammes sont un peu plus gros.
L'ECRITURE DES SCEAUX
En
Chine :
Avec
l’invention du pinceau vers – 600, les formes ont été plus recherchées.
Ce nouvel outil a facilité le développement des différents styles d’écriture.
A
l’époque des Zhou (- 1122 à – 221), les idéogrammes primitifs ont été
écrits dans le style tensho ou sigillaire ou aussi daiten,
le grand sigillaire.
Tensho signifie : "propager". Il a aussi le
sens "d’arrondi, de courbé". Dans le
tensho, les lignes verticales ou
horizontales sont fines et rigoureuses. Elles sont pointues aux extrémités. L'équilibre entre les traits horizontaux et
verticaux est devenu l'axe de construction du caractère. Le premier effort pour
unifier l’écriture a eu lieu pendant le règne du roi Xuan (- 827
à -782) de la dynastie orientale des Zhou. Son premier ministre a écrit un
livre contenant 15 chapitres afin de normaliser cette écriture.
Les principaux supports pour écrire ont été les lamelles de bambou ou "mokkan",
ainsi que la soie et les stèles de pierres.
L’empereur
Qin Shi Huang, fondateur de la nouvelle dynastie des Tsin (-221 à –270), qui a unifié la Chine en – 221,
a demandé à son 1er ministre, Lee
Shu, d’harmoniser les différentes formes de tensho. Il a crée
le shoten ou petit sigillaire.
Ce
style a été rapidement employé dans les documents officiels, pour la
gravure des idéogrammes sur les stèles et les talismans ainsi que les sceaux.
Dans la Chine
ancienne, les lettres et les documents étaient liés par une corde et scellés
en attachant la corde avec un morceau d'argile. Avant que l'argile ne durcisse,
une devise élégante, le plus souvent une citation d'un ou plusieurs idéogrammes
était imprimée.
Vers la fin des 6 Dynasties (222 - 589), l'inscription était faite
directement sur le papier, en appliquant l'encre avec la surface gravée d'un
sceau. Les fonctions de ces sceaux étaient nombreuses : indiquer qu'un document
venait d'un service officiel, donner l'assentiment au sujet de son contenu etc. L'encre qui a toujours servi pour l'impression des
sceaux est fabriquée à partir de cinabre (un composé du mercure). Le contraste
entre la tâche de
vermillion met
en relief
le noir profond des caractères.
Avec l'invention du papier
fait à base d’écorce de mûrier sous la
dynastie des Hans, vers + 105,
l'écriture a subi de grandes transformations.
Mais le papier
étant une matière chère et précieuse, les calligraphes ont continué pendant
toute l'époque des Han à écrire sur des lamelles de bois et de la soie ainsi
que les stèles de pierres.
Le
style tensho
est toujours utilisé pour graver les sceaux, qui sont
la signature du calligraphe.
Au
Japon :
Les
japonais n'ont jamais considéré le tensho comme une écriture
courante.
Toutefois, dès
les ères de Nara et de Heian ( 710 - 1192), une
grande quantité de sceaux ont été gravé en shoten. Il y avaient
des sceaux pour l‘empereur, les différents
ministères, les provinces, les villes, les lieux de pèlerinages
etc. La coutume d'utiliser des sceaux a été établie au moment de la mise en
place de la structure légale de l'empire. Mais avec l'habitude
de lire des textes en kaïsho de nombreux sceaux ont été gravés
dans ce style.
Le tensho, en tant qu’écriture, est devenu
populaire avec l'arrivée des moines de la secte Zen Obaku et en particuliers
Dokuryu en 1653. Des ouvrages chinois sur ce style datant de l’époque de la
dynastie des Tang ont été publiés.
L’attrait
pour cette écriture a continué au 19ème siècle.
Parallèlement à la popularité des graveurs de
sceaux, l'apparition de bons calligraphes dans ce style parmi les graveurs a mis
en valeur pendant une brève période les calligraphies en tensho
auprès des écrivains et des érudits..
Actuellement des calligraphes écrivent toujours
dans ce style.
En
Chine :
Le
tensho
était une forme d’écriture trop compliquée pour rédiger les nombreux
rapports exigés par l’empereur. Aussi pendant la dynastie des Tsin ou Qin
(- 221 à
– 206)
un calligraphe qui avait été emprisonné, Cheng Mao, a élaboré une nouvelle
écriture : le reisho. Ce
terme signifie "dépendre de, subalterne". En
français,
il est traduit par "écriture des scribes" ou "écriture
des chancelleries". Il
est issu d’une modification du sigillaire.
Il se caractérise
principalement par des lignes verticales et horizontales très droites et une
structure plus resserrée. Le tracé des traits difficiles a été simplifié.
Les espaces entre les caractères ont été équilibrés. Malgré l'exagération des traits, l'écriture des scribes est plus facile à composer que le
tensho et a permis de gagner un temps précieux pour écrire les rapports. Il a
grandement contribué à l’apparition d'une classe de lettré en Chine. Cette
écriture a atteint son apogée durant la dynastie des Han (-
260 à + 220).
Au
Japon :
L’intérêt
pour le reisho est apparu pendant la période Muromachi (1338
- 1600).
Les Japonais ont toujours
considéré que ce style approprié pour les inscriptions sur les panneaux, où
l’échelle du caractère doit être grande pour donner une impression de force. Le reisho
a aussi été utilisé pour la
couverture des livres et le début des pages, des préfaces etc.
A
période d’Edo (1603
- 1868), il y a eu un nouvel intérêt
pour ce style. Les maîtres de
Thé ont souvent calligraphié dans ce style sur les boîtes réservées aux ustensiles concernant
la cérémonie du Thé. L’influence des
calligraphes de la
dynastie chinoise des Ming
(1368 -
1644)
a été très
grande mais malheureusement les œuvres qui arrivaient au Japon n'étaient pas
de bonne qualité.
A l’ère Meiji (1868 – 1912),,des
moines chinois sont venus s’installer au Japon, apportant
de nombreuses reproductions des inscriptions des monuments de la dynastie des
Han (- 260 à + 220).
Ils ont pu le faire
grâce à la technique de l’encre
frottée.
Pour faire ces frottis, il faut mouiller une feuille de papier et
la presser contre l'inscription gravée. Ainsi le papier prend la forme de la
surface. Après avoir laissé le papier sécher contre la pierre, l'encre est
appliquée sur la partie non pressée dans le creux des traits des caractères
taillés. Alors les traits ressortent en blanc sur fond noir.
En
Chine :
Sosho
signifie
"brouillon". Ce style est
apparu environ 350 ans avant le kaïsho. Sa formation provient de
la contraction de caractères en tensho et surtout en
reisho qui
étaient utilisés à cette époque pour prendre des notes.
Les
archéologues ont prouvé qu’une écriture cursive dérivée du
tensho
est apparue à l’époque des Royaumes Combattants (- 453 à – 221) et
aurait servi pendant cette période troublée à écrire des lettres et des
rapports.
Elle
s’est développée pendant
les dynasties des Qin ou Tsin (- 221 à
– 206) et de celle des Han (-260 à +220). Les deux plus
célèbres calligraphes de la dynastie des Han ont été Tsui Yuan et Tu Du.
Vers la fin de
la période des Han (- 260 à + 220), les calligraphes ont commencé à apprécier cette
forme d’écriture pour sa beauté et à l’écrire lentement caractère par
caractère.
Plus tard, les calligraphes ont lié les caractères les uns aux autres en un seul coup de pinceau appelé
rementai.
Avec
la cursive, la calligraphie était devenue un art majeur.
Pendant les dynastie du Nord et du Sud (319 - 589), WangZhi
et son fils Wang Zanzhi ont écrit de nombreux textes dans ce style et ont eu
une grande influence.
A
l’époque de la dynastie des Tang (618 -
907), en raison des conditions économiques florissantes et de
la paix qui régnait dans
l’empire, la calligraphie et en particulier le sosho a atteint
un très haut niveau. Sous les Tang, Chang Hsu et Huai Su ont calligraphié des œuvres
dans un style de sosho débridé appelé "cursive folle".
Avec ce style la dimension spirituelle et émotionnelle naissait
associée à la pratique.
Un calligraphe chinois a écrit :
"La calligraphie s'arrête, mais
la pensée demeure; le pinceau a été posé mais la force est sans fin".
Au
Japon
:
Dès
l’ère de Nara (710 - 794), les
japonais ont été séduit par le style sosho. L’influence de la
dynastie des Tang
(618
à 907) sur la civilisation de Nara a été capitale : les nobles
écrivaient de nombreux poèmes en sosho comme les courtisans
chinois.
Au
début de Heian (794 - 1192), l’influence des
calligraphes des époques des Tang et des Song (960 – 1279) a été très grande.
Pendant
la période de Kamakura (1192 - 1338),
les moines Zens qui allaient dans la Chine des Song (960 – 1279) ont
apporté un autre souffle à la calligraphie en sosho. Cependant,
leur style était toujours très libre sur le plan technique. L’important
pour eux, était de mettre en valeur l’aspect spirituel de la calligraphie, sa
spontanéité naturelle. L’influence de la Chine a continué sous les Yuans (dynastie
Mongole de 1279 - 1368 )
et à la période de la
dynastie des Ming (1368 - 1644).
A
l’époque de Edo (1603 - 1868), malgré
la fermeture du Japon aux influences étrangères par le Shogunat, le sosho s'est
développé éclatant en de nombreuses écoles.
A
l’ère Meiji (1868 – 1912),
l’étude des calligraphes de l'époque des Ming (1368 -
1644)
et
des Qing
( 1644 -
1911)
a été
fondamentale pour le renouveau de la calligraphie.
En
Chine :
Le kaisho
est né de la transformation du reisho au
3ème siècle de notre ère. Les caractéristiques majeures du reisho
ont
été abandonnées. Certains éléments courbes ont été remplacés par des
droites. Les formes rectilignes et les profils anguleux de la Chancellerie ont
disparu.
L'idéogramme
"KAI" signifie principalement "le modèle, la règle".
Dès son origine, le caractère s’est inscrit dans un
carré ou du moins dans une forme standardisée qui elle-même s’inscrit dans
le carré. Chaque idéogramme a la même taille que le suivant et le même
espace les sépare. Son utilisation a été importante en tant que style
facilement lisible.
Le kaisho a été pratiquement parfait dès le 4ème siècle
et il a continué d’évoluer pendant les dynasties du Nord et du Sud (319 - 589).
Avec les
calligraphes de l'époque Tang
(618
- 907), les formes et la technique de cette écriture ont
été définitivement établies. Elle répondait aux besoins de
l’administration impériale qui avait pris une ampleur et un degré de
centralisation sans précédent.
Par la suite,
il y a eu de grands calligraphes mais aucun n’a apporté de changement majeur
au style. Ils se sont tous référés aux œuvres des calligraphes de la
dynastie des Tang.
Au
Japon :
Les
idéogrammes ont pénétré au Japon dans la forme de l’écriture kaisho.
Les premières inscriptions que l'on peut trouver au Japon sont sur de la pierre
ou du métal comme l'inscription de la statue du Bouddha Shaka qui se trouve au
Horyu-ji (623).
Il y a aussi une inscription sur d'un Sutra du Lotus sur un plaque
de bronze au Hage-Dare.
À partir du 7ème siècle, les moines ont rapporté de Chine de
nombreuses copies des Sutras (Ecrits religieux bouddhistes). Leur copie a
favorisé son développement.
Les chroniques sur l’histoire du Japon ont été écrites en kaisho
ainsi que tous les textes
officiels.
A
l’ère de Heian (794 - 1192), le kaisho a
pris sa forme définitive. L'ascendant des grands calligraphes chinois a marqué
le Japon pour de longs siècles.
Au temps de l’empereur Daigo, au début des années
900 en même temps que le développement des
kana, un mouvement vers le style wayo (style totalement japonais
sans l'influence de la Chine) s’est développé.
Comme exemple de ce style, il y a les poèmes de Po Chu-i in écrits par Ono no Michikaze. Les 3 volumes du Hokuzansho, un discours sur l’étiquette
officielle, calligraphié de Fujiwara Kinto sont de la même veine. Le Wakan
Roei-fu est une anthologie de waka et de poèmes chinois
recueillis par Fujiwara Kinto.
Pendant
la période de Kamakura et de Muromachi (1185 – 1568), l’influence des calligraphes Song (960 –
1279)
et de ceux de la dynastie des Yuan (dynastie Mongole de 1279
- 1368) a
continué par à se faire sentir par l’intermédiaire des moines Zens qui voyageaient en Chine. Mais
comme pour le sosho, leur kaisho est basé
sur l’interprétation du Zen.
A l’ère d’Edo, en raison de la fermeture du japon sur l'ordre du Shogun
Tokugawa, il y a eu une grande la pénurie de modèles
de calligraphies chinoises.
A
partir de Meiji
(1868 – 1912), les
calligraphes qui voyageaient à nouveau en Chine revenaient avec de nombreux
estampages des différents monuments de l’époque des Han (- 260 à + 220)
et des
Tang (618 - 907).
En
Chine :
Un
autre style de base, la courant ou "gyo"
(semi-cursive) est apparu à l'époque des Han entre 25 et 220. Le gyosho
a été aussi une aussi simplification du reisho.
L'écriture courante est un style
qui se situe entre l'écriture régulière, kaisho et l'écriture
cursive. Le gyosho ne conserve pas la forme
de chaque point et trait. Dès son origine, elle n'a pas été aussi carrée que le lishu,
ni aussi ronde que le tensho. Les caractères chinois concernant l'écriture
courante peuvent se traduire littéralement par "l'écriture qui marche". Ce
style donne au lecteur l'impression de voir les caractères courir.
Des
modifications ont été faites sous la dynastie des Wei antérieurs (220 - 265).
Ensuite, les deux maîtres chinois, Wang Xizhi (321 – 379) et Wang Xianzhi
considérés comme d’illustres calligraphes de la dynastie des Tsin orientaux
(-
221 à – 206) en ont fait un art achevé et l'ont rendue populaire. Ils ont été la référence
pour tous les calligraphes.
Au
Japon :
Au
début de l’ère de Heian (794 - 1192), le moine Kukaï a introduit le gyosho au
Japon. Les
Japonais ont tout de suite adopté ce style d’écriture. L’influence de la
Chine n’a pas été aussi grande que pour le kaïsho.
Le gyosho étant plus souple, les calligraphes japonais l’ont rapidement
utilisé pour écrire des textes mêlant kanji et hiragana. Ils les ont fusionné
ensemble dès la période de Heian.
On peut voir des écrits en
gyosho copiant le style superbe des Tang, dans des
oeuvres du début de Heian comme le Fushinjo de Kukaï ou le Ito
Naishinno Gannom de Tachibana Hayanari et le Nakatsukasa Iki.
Mais à
partir du moment où les ambassades ont été discontinues en Chine, la
tradition wayo a prédominé.
Les grands calligraphes de cette époque ont été
Ono no Michikaze et Fujiwara Sukemasa.
Michikaze
Yukinari a été le fondateur de l’école Senon-ji et son style a
été perpetué. Il est devenu la racine du style
japonais et différentes écoles de calligraphie l'ont suivi. Dans l'école Senon-ji les maîtres considéraient
"que l’on doit étudier
en premier le gyosho parce que c’est la voie du milieu. Après
avoir un peu étudié le gyosho, alors on peut étudier le kaïsho
et le sosho. En Chine, l’ordre d’étude a
toujours été le kaïsho, le gyosho et le sosho.
Cette coutume de mélanger le gyosho aux kana s’est poursuivi
brillamment à la période
Edo (1603 -
1868). Beaucoup de planches imprimées pour les
livres concernant la littérature ont été écrites dans ce style.
Aujourd’hui, les vestiges de cette tradition subsistent uniquement dans les
textes des pièces de Nô.
L'origine
des hiragana :
Le
chinois et le japonais sont deux langues totalement différentes : le chinois
est monosyllabique tandis que le japonais est polysyllabique. Afin
de pouvoir transcrire la prononciation japonaise des idéogrammes, les Japonais
avaient choisi des idéogrammes dont la sonorité se rapprochaient de
leur langue. Au début, ils les utilisaient de façon phonétique sans tenir compte
de leur sens. Ces idéogrammes étaient alors écrits au-dessus de chaque signe
chinois pour donner la prononciation japonaise. Devant la complexité de ce
travail, les Japonais ont inventé deux syllabaires qui sont toujours utilisés
actuellement : le hiragana et le katakana.
Les hiragana sont issus des idéogrammes en sosho.
Ils sont apparus après des tâtonnements au début de l’ère de Heian (8ème
siècle). Certains des katakana ont les mêmes idéogrammes
d’origine que les hiragana mais calligraphiés dans le style kaïsho.
Ils ont été employés pour noter la prononciation des idéogrammes chinois en
marge des textes. Ils ont toujours cette fonction actuellement et servent
maintenant à transcrire les mots occidentaux qui n'ont pas d'équivalent et les
prénoms.
A partir de l’ère de Heian (794 -
1192) , il y a eu trois types d’écriture :
§ Onokode, « l'écriture des hommes » comme le kaïsho et le gyosho qui servaient à écrire les textes religieux et officiels. A l'occasion, ils avaient recours aussi à "l'écriture des femmes" pour leur envoyer des poèmes et des lettres d’amour.
§ Sosho, "l'écriture herbe".
§ Onnade, "l'écriture des femmes".
Cette
distinction entre hommes et femmes n’a jamais existée en Chine.
La majeure partie des œuvres artistiques de cette époque étaient des poèmes ou
des journaux féminins calligraphiés en hiragana. Les waka
ou poésie de la cour étaient écrits en hiragana.
Vers le 9ème siècle, il y a eu l'émergence d'une littérature
japonaise féminine, uniquement écrite avec les hiragana:
parmi ces grands romans, le "Dit du Genji" de
Murazaki-Shikibu ou "Les Notes de chevet" de Dame
Sei Shonagon.
A la fin de
Heian, le goût pour les hiragana a diminué.
Au
17ème, début de l'époque de Edo, l'apparition de grands calligraphes tel
que Hon'ami Koetstu, Konoe Nobotttada et Shokado Shojo a favorisé le renouveau
de "l'écriture
éparpillée" .
La composition
des poèmes avec les hiragana :
Les
idéogrammes sont inscrits à l'intérieur d'un carré imaginaire. Par contre
les calligraphes ont tracés, dès le début, les hiragana dans une forme
cursive. Ils ont eu ainsi une sorte d’harmonie et
de liberté pour la disposition des caractères un peu semblable à celle qui se
trouve dans la composition d'une peinture.
Dès leurs origines, les hiragana ainsi que les idéogrammes
en sosho ont été calligraphiés avec des positions irrégulières, des traits de formes variées : ils étaient écrits sur
des lignes inclinées, à la place des verticales ou bien une ligne chevauchait
partiellement la précédente ou alors celles-ci s'entassaient de telle façon que
leurs sommets n’étaient pas alignés. L'harmonie dans la grandeur des caractères,
l'inclinaison, l'épaisseur avait atteint une très grande indépendance.