LES OUTILS DU CALLIGRAPHE
Les quatre Trésors du calligraphe sont :
La pierre à encre
Le bâton d'encre
Le pinceau
Le papier
LA PIERRE A ENCRE ou
SUZURI (en
japonais) :
La pierre à encre a été
considérée comme un objet esthétique et fonctionnel, tant par les chinois que par les japonais.
La pierre à encre est faite dans une pierre dure qui est divisée en 2 parties :
l’Océan ou « Umi », et la lande ou « Riku ».
L’océan
est utilisé pour contenir l’encre qui est préparée en meulant le bâton
d’encre avec l’eau versée sur la pierre. La
surface de la lande semble parfaitement plate, et de texture aussi
fine que du papier de verre. Cette texture est très importante car c’est grâce
à elle que l’encre est extraite.
Les
plus belles pierres et les plus réputées sont celles que l’on appelle
« Duan ». Elles proviennent de Chine
et particulièrement de la région de Gaoyao, dont le nom ancien est Duanzhou.
Elles sont extraites dans des grottes dont certaines, comme celles situées sur
la rive sud de Xijiang, à l’Est des gorges de Lingyang, sont en-dessous du
niveau de l’eau. Etant donné que l’eau coule constamment goutte à goutte
dans ces grottes la pierre n’est jamais vraiment sèche. Une des carrières
est appelée "Carrière des Larmes" ou Shuiyan.
Mise à part une humidité
constante, la composition minérale (argile siliceuse, hématite, quartz,
chlorite ) détermine aussi les caractéristiques particulières de cette
pierre.
La
pierre Duan est régulière, dure et compacte, assurant un grattage régulier et
aisé du bâton d’encre, gardant longtemps la bonne humidité de l’encre
et ne causant aucun dommage au pinceau. Sa
couleur varie selon les carrières où elle est extraite.
Il
est vraiment important d’avoir une pierre taillée à la main et non de
façon industrielle afin de pouvoir fabriquer une encre de bonne qualité.
Après chaque utilisation, il faut laver la pierre à
encre minutieusement à l’eau froide en la frottant avec les doigts. Ensuite, elle peut- être essuyée avec un chiffon doux. Il faut la recouvrir pour
qu’elle ne reçoive pas de poussière.
LE BATON D'ENCRE ou SUMI
(en japonais):
Le caractère chinois et
japonais pour l’encre est un combinaison de l’idéogramme de la couleur
noire et de celui de la terre.
La
prononciation chinoise pour l’encre est « mo » et « sumi »
en japonais.
La légende raconte que ce serait le roi Yi qui aurait inventé le bâton
d'encre vers - 2800 avant J.C. Toutefois, les archéologues ont trouvé des carapaces de
tortues et des os gravés avec des traces d'encre datant de la dynastie de Shang
(-1600 à - 1044). Des bâtons d'encre ont été trouvés dans des tombes de la province de
Shaanxi au Nord-Est de la Chine. Lors des cérémonies officielles de la court ,
les devins, pour prédire l'avenir du royaume, incisaient des os ou des
carapaces de tortues et y mettaient de l'encre. Puis les os ou les carapaces
étaient brûlés et ensuite, les devins étudiaient les craquelures et
annonçaient leur prédiction sur l'avenir du royaume, le résultat d'une guerre,
etc.
L’encre
a suscité une fascination auprès des érudits chinois et les calligraphes ont
écrit de nombreux livres sur ce sujet.
L’encre
est arrivée au Japon, venant de la Chine par la Corée vers 610. Sa
fabrication a été enseigné par un prête nommé Uncho, originaire de Corée.
La
fabrication a commencé à la cours d’Asuka puis à celle de Nakanzuku ou un
spécialiste de la fabrication de l’encre résidait. La
cours se déplaça rapidement pour Nara puis pour Kyoto mais la fabrication de
l’encre resta dans les temple et les lieux de pèlerinage situés dans Nara.
Pour
fabriquer l’encre, les ingrédients les plus importants sont la suie et la glue.
Dans
les temps anciens, la meilleure suie provenait de la combustion de morceaux de
pin rouge avec la résine. Le bois était brûlé dans de
petit fourneau en poterie placé au
centre d’une petite hutte avec des portes coulissantes en papier.
Le fourneau était renversé sur
le bois. Ensuite, la suie était ramassée avec des brosses sur les parois de la
poterie. Après avoir
été brûlé la suie se dépose lourdement sur les portes et le plafond et elle
est grattée et récoltée. Elle était mélangée avec de la glue provenant des peaux d’animaux
et des os qui avaient été bouillis.
Ce
processus de fabrication assez long et coûteux
a été remplacé au 10ème siècle par la combustion d’huiles
végétales utilisées pour les lampes. L’huile
végétale utilisée provient soit du sésame, du colza, l’arbre du camélia,
et du paulownia. La suie est améliorée par l’ajout d’huile minérale
obtenue avec du pétrole. C’est
la finesse de la suie qui donne sa qualité à l’encre.
Au
Japon, la glue est obtenue en faisant bouillir des arêtes de poisson afin de
produire une gélatine solide. La glue permet aux particules de
la suie de s'agglomérer. La glue a une odeur forte qui est neutralisée
par l'ajoutant des
fleurs de pruniers et d’autres parfums.
L’encre
existe sous deux formes : en bâton et en bouteille appelé Bokujuu.
L’encre
en bâton est préférable car elle pénètre en profondeur dans le papier ce
qui n’est pas le cas de l’encre en bouteille qui reste en surface.
L'utilisation
du bâton d'encre est préférable car il est possible de contrôler ainsi sa
calligraphie, de donner des effets de tâches appelée « NIJIMI » ou
des effets de mouvement de pinceau courant sur le papier appelés « KASURE ».
En séchant l’encre et le papier se contractent. Pour contrecarrer cette
action, quand
la calligraphie est sèche, le papier est humidifié et l’œuvre est collée
avec de la glue d’amidon sur un papier plus fort.
Ce
procédé est appelé « URAUCHI ». Cela ne produit aucun dommage à
l’œuvre. De nombreux « trésor nationaux » sont régulièrement
retirés de leurs vieux supports pour être collés sur de nouveaux.
LE PINCEAU ou FUDE (en japonais)
"C’est de la saisie du pinceau que dépend la possibilité de maîtriser les poils et la force de la calligraphie."
En
Chine et au Japon, le pinceau a été pendant des siècles le seul instrument
pour écrire dans la vie quotidienne. Les poils du pinceau sont le plus souvent en poils de chèvre, mais ils
peuvent être aussi en poils de loutre, de loup, de cheval, de rat, de belette,
de daim, de cerf, etc. Selon que les poils sont plus ou moins durs comme
ceux du cheval, du daim ou plus souple comme ceux de la chèvre, il sera plus ou
moins facile de calligraphier.
Les
poils sont cardés puis coupés à la longueur voulue. Ils sont ensuite
rassemblés pour être collés et placés dans le manche en bambou. Les
poils au centre du pinceau sont appelés « inochi-ge » ou poils de
vie et sont sélectionnés en raison de leur élasticité.
Le manche est habituellement creux et fabriqué en bambou .
Le
pinceau est conçu de telle façon, que ses couches de poils servent de
réservoir d'encre au calligraphe. Si dans le style officiel kaïsho, il est
possible de reprendre de l'encre très souvent, pour le style cursif ou sosho il
faut réussir à extraire l'encre des poils en calligraphiant très doucement.
Et, ô miracle, il y a toujours de l'encre.
Les pinceaux de bonne qualité sont toujours fabriqués d’une manière artisanale.
Les
Chinois comparent le pinceau à l’aile du dragon.
Les Japonais le
considèrent comme un sabre, le prolongement du bras.
LE PAPIER ou KAMI (en japonais):
Selon
une légende, le papier aurait été inventé en Chine par Cai Lun (7 - 221
après J-C). En
tout cas il est apparu à l'époque de la dynastie des Han de l'Est (25 - 220
après J-C).
Les
matières premières du papier fait main sont des fibres
végétales, du vieux papier, des fibres de bois, du bambou, des tiges de riz.
Ces
matériaux se décomposent dans l’eau. Puis, un produit sodique est ajouté
pour obtenir la blancheur et pour accélérer la décomposition.
Ce mélange est ensuite retiré de l’eau et mis dans une fosse puis mélangé avec de
la glue où il est écrasé par une meule pour obtenir un mélange homogène.
Le jus qui se forme sort par la suite par des tuyaux et arrive dans un grand réservoir en bambou. Devant le
réservoir,
il y a une claie avec un tissus très fin. La vanne est ouverte et le jus s’écoule.
Quand la quantité de liquide est jugée suffisante, la vanne est fermée.
L'ouvrier tamise
ce qui a sur la claie puis il soulève le tissu pour poser la feuille ainsi
faite sur les autres.
Le
paquet de feuilles fabriquée dans la journée est pressé pendant une nuit sous une grosse presse. Ensuite
il est séché à l’air à l’abri de la pluie (parfois avec l’aide d'un
ventilateur). Le paquet de feuille devient très dur car les feuilles sont collées
ensemble. Il est plongé ensuite dans de l’eau afin de séparer les feuilles.
Chaque feuille est déposée une à une sur de grandes plaques métalliques chauffées par le
gaz afin de les sécher. Des ouvrières
brossent chaque feuille de haut en bas avec une brosse assez rêche faite de
branches de sureau. Dans les temps anciens les poils de cheval étaient
utilisés pour fabriquer ces brosses.
Il
faut un mois pour faire une feuille de papier.
Autres éléments :
Outre les 4 éléments principaux décrits ci-dessus, le feutre sur lequel repose la feuille de papier, le support pour reposer le pinceau, le pot d'eau, les poids pour tenir la feuille, sont autant d'objets nécessaires pour calligraphier.